mercredi 23 mars 2011

KARBACHA, le douar.

Pourquoi tant de souvenirs se bousculent dans nos esprits lorsqu’on veut faire un pas en arrière ? Les annales personnelles de chacun de nous sont formées par des petites particules qui poussent au rivage les profonds souvenirs qui sont émaillés par la distance des années séparant le présent vivant du passé composé de souffrances de l’époque. Parler de sois même risque de réveiller des effets enracinées dans le subconscient. Mais toujours utile de se référer à son passé pour en faire un présent solide et un avenir envisageable, armé des outilles de sa culture. Karbacha est un douar qui se situ sur la rive droite de oued Moulouya en direction de l’embouchure où il se jette dans la méditerranée près de saidia. Le douar en question se trouve à une dizaine de kilomètres de cette ville touristique de renommé mondiale. Pour s’y rendre on négocie une piste de quelque kilomètre à droite sur la route qui mène à berkane. Le présent douar est connu par sa célèbre école à coté du cimetière portant le nom du wali sidi Masbah. Jadis l’école était uniquement une classe avec trois niveaux, et deux maitres qui nous enseignent en alternance (arabe –français), une minuscule cuisine où une vieille dame nous préparait le déjeuner qui se composait pendant toute la saison scolaire par des féculents, le pain et les plats ne sont pas fournis par le service de cantine, il nous appartient de s’ en approvisionner de chez nous. Quittant l’école pour voir le douar, l’activité principale des habitants, et l’agriculture, l’élevage du cheptel, cette image ne diffère pas de la plus part des hameaux du monde rural marocain. Le douar est un ensemble de maisons éparpillées sans structures. On les trouve tout au long de l’oued, et aux alentours. Les moteurs pompant l’eau de l’oued pour l’irrigation des champs et vergers de tomates, de pastèques, des meulons etc... À titre indicatif parmi cette population de main d’œuvre localement pas cher, on trouve des cultivateurs de grandes envergures qui pratiquaient l’agriculture mécanique, possédant de vaste terrain. Mon oncle fait partie de cette société rurale au dessus de la moyenne, il possédait une épicerie au bord de la piste. C’était le lieu de rencontre préféré, l’après midi des amis de mon oncle y compris mon père ainsi que certains clients. Parmi ses clients une famille très rusée qui portait le nom ouchen (le loup).Durant l’absence de mon oncle, je le remplaçais à la vente en compagnie de sa femme qui avait des problèmes de calcul. Je lui servais de machine à calculer. J’adorais les boites de sardine, j’en mangeais et partagé avec mon ami dont je ne me souviens pas de son nom, et que j’ignore son devenir. Ce douar est une commune rurale rattaché administrativement à saidia. Mais malgré cette situation géographique privilégiée, il est resté en marge du développement rural. L’absence cruciale de dispensaire, de réseau de l’eau potable, de l’électricité, d’une route convenable pour l’usage des habitants est quasiment inaction. A coté de ces contraintes, l’existence d’une belle mosquée est remarquable. Ces inconvignons ne facilitent guère le séjour dans ce monde inhospitalier par sa nature rude. Malgré les problèmes vitaux de nos parents, nous les enfants du douar, ont réjouissaient des baignades dans l’oued sous l’absence des regards de nos familles qui nous interdisaient toujours ces fraiches baignades sous peine de se noyer. De temps à autre, la Moulouya déborde de son lit, et c’est l’occasion pour l’ensemble de la population pour ramasser les poissons de toutes sortes et calibres qui montaient à la surface de l’eau. Ces journées de pèche naturelle gratuite restent commémoratives, et gravées dans la mémoire. A coté de l’oued, nous étions toujours les premiers à prendre gout des tomates rouges attirantes et fraiches, des pastèques, des melons au gout sablé, sucré irrésistible, incontestablement le meilleur, inclusivement tous les produits agraires de cette zone. Si je ne cite pas le pain que la femme de mon oncle préparait je serai injuste envers elle, le meilleur pain au gout magnifique et particulier que je n’ai jamais mangé jusqu’à présent المطلوع--, aucune femme ménagère qualifiée de ce titre ne fait pareil pain. Je vous rends hommage madame, Aussi je rends un hommage particulier à mon oncle, pour ses efforts déployés pour nous sauver de la misère, durant l’absence de feu mon père détenu en prison en Algérie. (Cause indépendance). Je dédie ce papier en guise de reconnaissance et témoignage à ces deux personnes en particulier sans oublier ma grand mère paternel et quelqu’un qui a été derrière pour nous attirer de cet engouement qui n’est que mon oncle Abdelkader, à tous ces gens je rends un grand hommage de respect, et je m’incline devant le jour où mon oncle Mimoun m’a pris de main pour aller m’inscrire à l’école sidi Masbah, alors que j’avais presque dix ans c'est-à-dire trois ans de retard. Sans lui j’aurai du être déscolarisé. Si je suis ce que je suis, actuellement et bien grâce à ce grand homme, qui m’a rendu service inestimable sans le connaitre. Douar Karbacha, l’école sidi Masbah là où j’ai appris à connaitre l’alphabet de la vie. Si je porte à présent le nom de ce douar sur mon extrait d’acte de naissance, c’est un témoignage dont je suis fière. Dans la vie il y a des gens qui se mettent au service des autres, sans rien demander. Que pourrai-je dire ? Ce sont les absents présents.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire